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Audience et Vernissage

de Václav Havel

Création du 5 novembre 2016 au 15 janvier 2017
reprise du 17 janvier au 17 mars 2018

Mise en scène Anne-Marie Lazarini
Scénographie, lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde
Assistant à la mise en scène Bruno Andrieux

avec Cédric Colas, Stéphane Fiévet,
Frédérique Lazarini, Marc Schapira

Création Les Athévains

Le grand théâtre ne se dévoile pas seulement lui-même.
Il dévoile aussi « l’histoire » du spectateur et, en même temps,
le besoin brûlant pour le spectateur de confronter sa propre expérience, son propre « sujet » au sujet que propose la pièce.
Un tel théâtre ne se termine pas lorsque se termine le spectacle,
au contraire, le spectacle n’en est que le point de départ.
Jan Grossmann (Préface à Pétition )

Éloge de la patience

Le théâtre de Václav Havel met en scène des personnages qui s’évertuent à « vivre dans la vérité » et fatalement sont confrontés au pouvoir qui leur refuse ce droit. Parce que celui-ci représente une menace sournoise pour l’ordre établi, un soulèvement discret, quotidien mais obstiné contre la normalisation de la société.

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Le dissident : étymologiquement, celui qui se sépare et qui est assis .

Il est ce citoyen qui décide de dire la vérité, en agissant toutefois dans la légalité. Celui qui renonce à son bien-être propre pour oeuvrer patiemment à celui de sa communauté. Sujet d’admiration, d’envie… de peur aussi.

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S’il y a une notion clé dans l’œuvre de Václav Havel, c’est celle de responsabilité. La résistance est posée comme un principe éthique, un engagement total, une philosophie de vie. Elle implique une action qui doit être accomplie, guidée par sa nécessité, menée pour elle-même, sans condition de résultat, de succès immédiat. Un dissident doit savoir patienter, espérer que peu à peu d’autres viendront « s’asseoir » à ses côtés.

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Vanek, ce double théâtral de Havel, résiste donc comme il peut, à son chef dans la brasserie où il travaille (Audience) et à ses amis envahissants dans leur confort et leur bonheur privé (Vernissage).

La fascination qu’on éprouve pour ces deux textes réside dans la constance de cette attitude, dans la posture tranquille de ce « révolutionnaire de velours ».

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Président, Václav Havel restera philosophe. Mais il ne perdra pas non plus ce qui faisait la force du dramaturge : ce sens aigu du dialogue, cette autodérision et cet humour caustique qu’il exerce jusqu’à frôler une certaine folie. Ici, la réalité est comme soudain prise à l’envers et le réel se fait abraser par l’ironie.

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Une même composition musicale peut s’entendre dans ces deux pièces, travaillant sur des symétries, des redoublements, des répétitions qui détachent peu à peu l’écriture du réalisme et l’entraîne dans une spirale extravagante.

Le théâtre de Václav Havel est un théâtre qui dévoile.

Anne-Marie Lazarini

A l’issue de la représentation du jeudi 1er février
Rencontre avec l’équipe artistique

Le Théâtre et le Pouvoir

Il y a un théâtre qui fait tout simplement partie d’une industrie de consommation culturelle. Un directeur engage des acteurs et leur fait jouer des textes plus ou moins bons, parce qu’il croit que le public va venir, ne serait-ce que pour passer une soirée autrement que devant la télé ou au restaurant. Un tel théâtre est en quelque sorte coincé à sa place désignée par la société, pour assurer le train-train quotidien.

Ce théâtre ne m’intéresse pas. Le théâtre, à mes yeux, doit être un foyer vivant et inquiétant d’introspection où la société se révèle à elle-même. Je n’aime pas non plus le théâtre qui croît être plus intelligent que le gros de la population et qui s’évertue à l’instruire. Le théâtre qui offre aux gens des recettes ou solutions concrètes ou qui est au service d’un quelconque programme politique m’est totalement étranger.
Par contre, j’aime que le théâtre prenne des raccourcis pour évoquer en des images rapides et intenses les problèmes essentiels du monde dans lequel nous vivons.

(…)

Je cherche, au théâtre, une approche du monde, franche, ouverte, aventureuse et sans aucune préconception.
Je voudrais que le théâtre soit la voix de la conscience des hommes et de la société, qui tente de poser les questions que les hommes portent en eux mais ne peuvent exprimer. Il ne s’agit donc pas d’imposer quelque chose au public qui lui est étranger mais au contraire de découvrir, présenter et clarifier ce qui le préoccupe.

Je pourrais dire que, pour moi, le théâtre est un des espaces où l’homme et la société peuvent tenter de se trouver.
Ce que je veux dire c’est que le théâtre devient théâtre par sa relation au présent et au vécu humain et social. Je pense à cette atmosphère inquiétante et en même temps stimulante qui se dégage quand il y a entente véritable entre la scène et la salle. C’est irréalisable dans d’autres disciplines artistiques, c’est tout à fait particulier. Pendant deux heures, scène et salle forment une communauté d’un type élevé, où le plaisir d’être sur la même longueur d’ondes pour apprécier des sentiments, la fantaisie, l’humour, le suspense et les jeux de l’esprit crée un champ de tension unique et indescriptible.

Václav Havel, Audience/Vernissage/Pétition, éditions Gallimard

Extraits de presse…

Ces pièces révèlent la qualité exceptionnelle de l’homme et de l’écrivain. Anne-Marie Lazarini les réveille avec bonheur.
Philippe Tesson Le Figaro Magazine

Une comédie au vitriol qui appelle à ne pas être dupe.
Fabienne Pascaud Télérama

Un humour corrosif. Un ton cocasse et ironique interprété avec esprit.
Armelle Héliot Le Figaro

La mise en scène d’Anne-Marie Lazarini entraîne dans les abîmes, jusqu’au rire libérateur.
Didier Méreuze La Croix

C’est noir, bourré d’ironie, avec 4 excellents comédiens.
Mathieu Perez Le Canard enchaîné

Cédric Colas tout en intensité retenue.
Monique Le Roux La Quinzaine Littéraire

La mise en scène articule avec acuité et cohérence l’ironie et l’humour, entre dérision et absurde.
Jean Chollet WebThéâtre

Un diptyque de la résistance singulièrement actuel.
Catherine Robert La Terrasse

C’est Sempé en version tchèque. Le pouvoir des sans-pouvoir. Jacques Dion Marianne

Scénographie ingénieuse, interprétation nerveuse et modernité du texte.
Christophe Barbier L’Express

Humour et humanité. Le spectacle vaut le détour.
Jacques Nerson Nouvel Obs